— Enfants ! traînez-le derrière le cordon, — ordonna l’ouriadnik aux Cosaques tout en inspectant le fusil. — Et il faudra faire sur lui une hutte pour le protéger du soleil. Peut-être viendra-t-on de la montagne pour racheter le corps.
— Il ne fait pas encore chaud, — objecta quelqu’un.
— Et si un chacal le mange, ce sera bien ? — intervint l’un des Cosaques.
— Nous ferons la garde et on viendra l’acheter ; ce ne sera pas bien si le corps est déchiqueté.
— Eh bien, Loukachka, tout ce que tu veux, mais il faut offrir aux camarades un seau[1] d’eau-de-vie, — ajouta gaîment l’ouriadnik.
— Oui, c’est l’habitude, — reprirent les Cosaques. — Eh ! quel bonheur Dieu lui a envoyé, sans y voir il a tué l’Abrek.
— Achète le poignard et le caftan. Donne un bon prix. Je vendrai aussi les caleçons. Dieu l’accompagne, — dit Loukachka — ils ne m’iront pas, c’était un diable maigre.
Un Cosaque acheta le caftan pour une pièce[2]. Un autre donna pour le poignard deux seaux d’eau-de-vie.
— Buvez, camarades, j’offre un seau, — dit Louka — je l’apporterai moi-même de la stanitza.