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— Gourka a raconté que ta Dounaïka s’amuse avec Fomouchkine, — dit tout à coup Nazarka.

— Que le diable l’emporte ! — répondit Loukachka en montrant ses dents blanches, mais sans rire. — N’en trouverai-je pas une autre ?

— Gourka a raconté : « Je suis venu chez elle, son mari n’y était pas. Fomouchkine était là et mangeait des gâteaux. » Il resta un moment, puis s’en alla et écouta sous la fenêtre. Elle disait : « Le diable est parti ; pourquoi, mon ami, ne manges-tu pas de gâteau ? Ne va pas coucher à la maison ». Il lui répondit derrière la fenêtre : « Bon ? »

— Tu mens !

— Vrai, je te le jure.

Loukachka se tut.

— Ah ! si elle en trouve un autre, que le diable soit avec elle, il ne manque pas de filles. Du reste elle m’ennuyait.

— Hein, quel gaillard tu es ! — dit Nazarka. — Tu devrais faire la cour à Marianka, la fille du khorounjï. Pourquoi ne s’amuse-t-elle avec personne ?

Loukachka fronça les sourcils.

— Bah, Marianka est comme les autres.

— Eh bien ! Essaye donc…

— Et qu’en penses-tu ? Est-ce que les filles manquent dans la stanitza ?

Et Loukachka se remit à siffler et à arracher les