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— Oui, il instruit toujours les enfants, ma mère. Il pense venir pour les fêtes ! — répondit la femme du khorounjï.

— C’est un homme savant, c’est toujours utile.

— Oui, sans doute, c’est utile.

— Et mon Loukachka est au cordon ; et on ne lui donne pas de congé — dit la nouvelle venue. La femme du khorounjï n’ignore point ce fait. Mais l’autre a besoin de parler de son Loukacha qui est au service depuis peu et qu’elle veut marier à Mariana, la fille du khorounjï.

— Alors, il est toujours au cordon ?

— Oui, il y reste, ma mère. Depuis la fête, il n’est pas venu. Récemment je lui ai envoyé des chemises par Fomouchkine. Il dit que les chefs sont contents de lui. On raconte que là-bas, on poursuit de nouveau des Abreks[1]. Il assure que Loukachka est très gai et se porte bien.

— Eh bien ! Dieu soit loué ! — fit la femme du khorounjï. — En un mot c’est un Ourvan. Loukachka avait été surnommé Ourvan pour son courage, parcequ’il avait retiré du fleuve, sauvé (ourval) un enfant Cosaque, et la femme du khorounjï rappelait cela pour dire quelque chose d’agréable à la mère de Loukachka.

— Je remercie Dieu, ma mère, c’est un bon fils, un brave gars, tous le louent. Si seulement je réussis

  1. Nom des Tchetchenzes non pacifiés qui, dans le but de piller et de voler, passaient sur la rive russe du Térek.