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sur l’un des critiques les plus sévères de Tolstoï : Tourgueniev. Le 7 avril 1863, il écrit à Fet, de Paris :

« … J’ai lu Les Cosaques, et j’en suis enthousiasmé. (Botkine aussi). Seul le personnage d’Olénine gâte l’impression générale, qui est magnifique. Pour le contraste entre la civilisation et la nature primitive, vierge, il n’y avait nul besoin d’introduire de nouveau cette créature toujours occupée d’elle-même, ennuyeuse et maladive. Comment Tolstoï ne se débarrassera-t-il pas de ce cauchemar !… »

Tolstoï lui-même plaçait Les Cosaques au-dessus de ses autres œuvres, et malgré toute sa modestie, dans sa lettre à Fet, de la même année 1863, il s’exprime ainsi :

« … Je vis dans un monde si éloigné de la littérature et de sa critique qu’en recevant une lettre comme la vôtre, mon premier sentiment est de l’étonnement. Mais qui donc a écrit Les Cosaques et Polikouchka ? Y a-t-il à les discuter ? Le papier supporte tout et le directeur paie pour tout et insère tout. Mais ce n’est que la première impression, ensuite on pénètre dans le sens des mots, on se creuse la cervelle et on trouve là-bas quelque part, dans un coin, parmi les vieux restes oubliés, on trouve là-bas quelque chose d’indéfini sous le titre : artistique. Et en comparant avec ce que vous dites, on conviendra que vous avez raison, et on trouvera même du plaisir à fouiller dans ces vieilles reliques et dans cette odeur autrefois aimée. Et même on est empoigné du désir d’écrire. Sans doute vous avez raison. Mais il y a peu de lecteurs tels que vous. Polikouchka, c’est le bavardage sur le premier sujet venu d’un homme qui « tient sa plume » et « Les Cosaques, avec la sanie, bien que mal… »[1]

  1. « Souvenirs » de Fet.