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forêt. D’un côté de la route qui traverse la stanitza, se trouve le fleuve ; de l’autre, on remarque les vignes vertes, les jardins fruitiers, et, au loin, les bancs de sable de la steppe des Nogaïs. La stanitza est entourée d’un rempart de terre et de buissons épineux. On en sort et on y entre par une haute porte surmontée d’un petit toit de roseaux ; à côté, sur un affût de bois, se dresse un canon, tout défoncé, pris jadis par les Cosaques, et duquel, depuis cent ans, ne sortit pas un coup. Un Cosaque en uniforme, armé d’un sabre et d’un fusil, monte parfois la garde, parfois ne la monte pas ; parfois rend les honneurs à un officier qui passe, parfois ne les rend pas. Sous le toit de la porte une planchette blanche porte écrit à l’encre noire ; « 266 maisons, 877 personnes de sexe masculin, 1,012 de sexe féminin ». Les maisons des Cosaques sont toutes surélevées sur pilotis à une archine[1] de terre et quelquefois davantage ; leurs pignons élevés sont soigneusement recouverts de roseaux. Si toutes ne sont pas neuves, en tous cas elles sont droites, propres, avec de hauts perrons étroits de formes diverses ; elles ne sont pas accolées les unes aux autres, mais dispersées largement et d’une façon pittoresque dans des rues larges et des ruelles. Devant les claires et grandes fenêtres de beaucoup de maisons,

  1. Une archine vaut 0 m 71 c.