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lesse, et, la traitant en Oriental, il lui demande la soumission et le travail. Le résultat, c’est que la femme se développe beaucoup physiquement et moralement, car malgré sa soumission apparente, comme il arrive en Orient, elle a incomparablement plus d’importance et d’influence dans la famille qu’en Occident. Son éloignement de la vie sociale et l’habitude d’un travail lourd, masculin, lui donnent d’autant plus d’autorité et de force dans la famille. Les Cosaques qui, devant les étrangers, croient inconvenant de parler tendrement ou, plus simplement, de parler à leur femme, malgré eux, sentent sa supériorité quand ils restent avec elle en tête à tête. Toute la maison, tous les biens, toute l’installation, sont acquis par elle et ne se conservent que par ses travaux et ses soins. Bien que fermement convaincu que le travail est humiliant pour un Cosaque et ne convient qu’à un ouvrier nogaï ou à la femme, cependant il sent vaguement que tout ce dont il profite et qu’il appelle « le sien », provient de ce travail et qu’il est du pouvoir de la femme, la mère ou l’épouse qu’il considère comme sa servante, de le priver de tout ce dont il jouit. En outre, le travail perpétuel, masculin, lourd, et les soucis qui lui incombent ont donné à la femme du Greben, un caractère particulier, indépendant et viril, et ont admirablement développé en elle, la force physique, le bon sens, l’adresse et la fermeté