Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA COUPE EN FORÊT
RÉCIT D’UN JUNKER
(1854-1855)





I



Au milieu de l’hiver de 185…, une division de notre batterie fit partie d’un détachement envoyé à la grande Tchetchnia. Le soir du 14 février, apprenant que le détachement que je commandais en l’absence de l’officier était désigné pour faire partie de la colonne du lendemain pour la coupe du bois, aussitôt après avoir transmis les ordres nécessaires, je regagnai ma tente plus tôt qu’à l’ordinaire et, n’ayant pas la mauvaise habitude de la chauffer au charbon, sans me déshabiller, je me glissai dans mon lit tendu sur des rondins. J’enfonçai mon bonnet sur mes yeux, je m’enveloppai dans ma pelisse et m’endormis de ce sommeil particulier, fort et lourd, qui arrive dans les moments de trouble et d’inquiétude devant le danger.