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Les enseignes, dont quelques-unes en français, les dames en voiture, les cochers stationnant sur la place, les boulevards et un monsieur en pardessus et en chapeau qui marchait sur le boulevard et regardait les passants, l’impressionnèrent péniblement. « Ces gens connaissent peut-être quelqu’une de mes connaissances », et de nouveau il se rappelait le club, le tailleur, les cartes, le monde… Après Stavropol, tout alla bien ; tout était sauvage et en outre beau et guerrier. Olénine devenait de plus en plus joyeux. Tous les Cosaques, les postillons, les maîtres de poste lui semblaient des êtres très simples avec qui on pouvait plaisanter sans façon, causer sans se soucier du rang. Tous appartenaient au genre humain, inconsciemment cher à Olénine, et tous se montraient bienveillants pour lui.

Encore sur le territoire des Cosaques du Don, on changea le traîneau pour un chariot. Après Stavropol, il faisait déjà si chaud qu’Olénine se débarrassa de sa pelisse. C’était déjà le printemps, printemps inattendu, gai pour Olénine. La nuit on ne laissait pas sortir des stanitza[1] et l’on disait que même dans la soirée c’était dangereux. Vanucha avait déjà peur et les fusils chargés étaient placés dans la voiture. Olénine devenait de plus en plus gai. À l’un des relais, le maître de

  1. Villages des Cosaques.