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III


Plus Olénine s’éloigne du centre de la Russie, plus ses souvenirs semblent s’éloigner de lui. Plus il s’approche du Causase, plus son âme est réconfortée. « Partir tout à fait et ne retourner jamais, ne pas se montrer dans la société » lui venait parfois en tête. « Et ces hommes que je vois ici ne sont pas des hommes, aucun d’eux ne me connaît, aucun ne peut avoir été à Moscou, dans la société que je fréquentais et connaître mon passé. Personne de cette société ne saura comment j’ai vécu parmi ces hommes. » Et un sentiment tout nouveau pour lui, l’affranchissement de tout le passé, s’emparait de lui parmi ces êtres grossiers qu’il rencontrait sur sa route et qu’il ne considérait pas comme des hommes semblables à ses connaissances de Moscou. Plus la population était grossière, moins nombreux étaient les indices de la civilisation, plus il se sentait libre. Stavropol qu’il devait traverser l’attrista.