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venir de M. Capel et de 678 roubles qu’il doit à son tailleur, et il se rappelle les paroles par lesquelles il priait son tailleur d’attendre encore une année et l’expression d’étonnement et de résignation qui parut sur le visage de celui-ci. « Ah mon Dieu, ah ! mon Dieu ! » répéte-t-il en fronçant les sourcils et en s’efforçant de chasser l’insupportable pensée. « Cependant, malgré tout, elle m’aimait, » se dit-il, en pensant à la jeune fille dont ils avaient parlé avant les adieux. « Oui, si je l’épousais, je n’aurais plus de dettes, et maintenant je suis le débiteur de Vassiliev. » Et il revit la dernière soirée du jeu avec Vassiliev, au club où il était allé tout droit après l’avoir quittée, et il se rappela les demandes humiliantes de jouer encore, et le refus glacial. « Une année d’économie et tout sera payé et que le diable les emporte ! » Mais malgré cette assurance, il compte de nouveau les dettes qui restent, leurs échéances et l’époque possible du paiement. « Et je dois encore à Morel la note de Chevalier » songe-t-il, et il se remémore toute la nuit durant laquelle il a fait tant de dettes. C’était la noce avec les tziganes, cette orgie avait été organisée par des amis de Pétersbourg : Sachka B…, aide de camp, le prince D… et ce vieillard important… « Et pourquoi ces messieurs sont-ils si contents d’eux ? » pense-t-il « et pourquoi font-ils bande à part ; bande, où d’après eux, il est très flatteur d’être admis ? Est-ce parce qu’ils sont aides de camp ? C’est effrayant avec quelle sottise et