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meilleur vin, et, avec cette hospitalité grossière et vaniteuse particulière au simple peuple, et qui ne se rencontre que chez les personnes qui gagnent leur vie par un travail physique, elle se mit à régaler Olénine. La vieille qui, au commencement, avait tant frappé Olénine par sa grossièreté, maintenant le touchait souvent par la tendresse simple qu’elle avait pour sa fille.

— Oui, on ne peut se plaindre de Dieu, mon cher ! Il y a de tout chez nous, grâce à Dieu. Nous avons pressé beaucoup de raisins ; nous vendrons trois tonneaux de vin et il en restera assez pour notre consommation. Ne t’en va pas, attends. Nous nous amuserons encore avec toi au mariage.

— Quand sera le mariage ? — demanda Olénine, en sentant tout le sang lui monter au visage et son cœur battre par saccades et douloureusement.

Sur le poêle on s’agita et il entendit le craquement des grains de tournesol.

— Mais quoi, ce pourrait être la semaine prochaine. Nous sommes prêts, — répondit la vieille simplement et avec calme, comme si Olénine n’existait pas. — J’ai tout préparé pour Marianka. Nous la doterons bien. Mais voilà ce qui est un peu dommage, notre Loukachka s’amuse trop. Il est tout plongé dans les orgies ! Un polisson ! Récemment il est venu un Cosaque de la centaine et il a raconté que Loukachka allait chez les Noghaïs.

— Qu’il ne s’y aventure pas, — fit Olénine.