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le vin avec un baiser — dit Bieletzkï en la prenant par la main.

— Voilà comment je t’embrasserai ! — dit-elle en levant pour plaisanter la main sur lui.

— Oh ! le grand-père, on peut l’embrasser comme ça sans argent — dit l’une des filles.

— En voilà une qui est sage — dit Bieletzkï, et il embrassa la fille qui se débattait, — Non, offre ; — insistait Bieletzkï en s’adressant à Marianka — offre à ton locataire.

Et la prenant par la main, il l’entraîna vers le banc et la plaça à côté d’Olénine.

— Comme elle est belle ! — fit-il en lui tournant la tête de profil.

Marianka ne se débattait pas, mais en souriant fièrement tournait ses longs yeux vers Olénine.

— Une belle fille ! — répéta Bieletzskï.

« Comme je suis belle ! » semblait répéter le regard de Marianka. Olénine sans se rendre compte de ce qu’il faisait, enlaça Marianka et voulut l’embrasser. Elle bondit tout à coup, repoussa du pied Bieletzkï, renversa le dessus de la table et courut vers le poêle. Des cris et des rires se firent entendre, Bieletzkï chuchota quelque chose aux jeunes filles et soudain, toutes coururent dans le vestibule et fermèrent la porte de la chambre.

— Pourquoi as-tu embrassé Bieletzkï et ne veux-tu pas m’embrasser ? — demanda Olénine.

— Parce que je ne veux pas et c’est tout — fit-elle