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ques, sur l’autre rive, étaient très contents et très gais. De tous côtés s’entendaient les rires et les plaisanteries. Le centenier et le chef de la stanitza rentrèrent dans la cabane pour manger et boire. Loukachka, avec un visage gai, auquel il s’efforcait en vain de donner un air sérieux, était assis près d’Olénine, et le coude appuyé sur les genoux, râclait une baguette.

— Que fumez-vous là ? — dit-il avec une sorte de curiosité. — Est-ce bon ?

On voyait qu’il demandait cela, parce qu’il remarquait qu’Olénine était un peu gêné et isolé parmi les Cosaques.

— Comme ca, c’est l’habitude. Bah ! — répondit Olénine.

— Hum ! Si quelqu’un de nous commençait à fumer, ce serait un malheur ! Voilà, les montagnes ne sont pas loin, — dit Loukachka en montrant le col, — et on ne peut y parvenir !… Comment reviendrez-vous seul à la maison, il fait sombre ! Si vous le voulez, je vous accompagnerai, demandez pour moi la permission à l’ouriadnik.

« Quel brave garçon ! » pensa Olénine en regardant le visage gai du Cosaque.

Il se rappela Marianka et le baiser entendu près de la porte cochère et il commença à plaindre Loukachka de son ignorance. « Quelle bêtise et quel obscurcissement ! » pensa-t-il. « Un homme en a tué un autre et il est heureux, il s’en réjouit