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camp pour six pièces de monnaie, sans l’écurie, et que si l’on ne paie pas, moi, en qualité de noble, je puis toujours chasser de chez moi, et puisque vous le désirez, alors même comme officier je puis m’entendre personnellement avec vous, et comme un habitant du pays, non seulement selon nos coutumes, mais je puis…

— Parle proprement, — murmura le vieillard.

Le khorounjï parla encore longtemps en ce genre. De toutes ses paroles, Olénine put comprendre, non sans peine, que le khorounjï désirait lui prendre six roubles en argent par mois pour le logement. Il y accéda très volontiers, et proposa à son hôte un verre de thé. Le khorounjï refusa.

— Par notre coutume stupide, — dit-il, — nous considérons comme un péché de se servir d’un verre commun. Par mon instruction, je pourrais sans doute m’en affranchir, mais ma femme, par faiblesse humaine…

— Eh bien. Voulez-vous prendre du thé ?

— Si vous le permettez, j’apporterai mon verre particulier, — répondit le khorounjï, et il sortit sur le perron. — Donne-moi mon verre ! — cria-t-il.

Peu après la porte s’ouvrit, et un jeune bras bruni, en manche rose, tendit un verre à travers la porte. Le khorounjï s’approcha, prit le verre, et chuchota quelques mots à sa fille. Olénine versa du thé au khorounjï dans son verre particulier et à Erochka dans un verre commun.