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XVI


L’oncle Erochka était un Cosaque retraité, vivant seul ; sa femme, il y avait vingt ans de cela, s’était convertie à l’orthodoxie, puis enfuie de chez lui pour épouser un sous-officier russe. Il n’avait pas d’enfants. Il n’inventait rien en disant qu’il était autrefois le plus beau gars de la stanitza. Tous au régiment le connaissaient pour sa bravoure de jadis. Il avait plus d’un meurtre de Tchetchenzes et de Russes sur la conscience. Il allait aux montagnes, volait chez les Russes, et même fut mis deux fois en prison. Il passait presque tout son temps à la chasse et dans la forêt, où, de la journée entière, il ne prenait autre chose que du pain et de l’eau. Mais en revanche, à la stanitza il faisait la noce du matin au soir. En rentrant de chez Olénine il s’endormit pour deux heures, et, éveillé avant le lever du soleil, il resta assis sur son lit en pensant à Olénine dont il avait fait connaissance la veille. La