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XV


— Alors, mais de quoi parlais-je ? — continua-t-il en réfléchissant. — Alors voilà quel homme je suis ! Je suis chasseur. Dans tout le régiment il n’y a pas de meilleur chasseur que moi ; je trouverai et t’indiquerai chaque animal, chaque oiseau, et je sais où chacun se tient. J’ai des chiens, deux fusils, des filets, des pièges, un épervier, grâce à Dieu, j’ai tout. Si tu ne te vantes pas, si tu es un vrai chasseur, je te montrerai tout. Voilà quel homme je suis ! Je trouverai la piste, je connais la bête et je sais où elle dort, où elle boit, où elle se vautre. Je m’installe sous les arbres et je veille là toute la nuit au lieu d’être à la maison ! Si l’on reste à la maison, on s’ennuie, on fait un tas de péchés. Les femmes viennent, les bavardages commencent, les gamins crient. C’est autre chose de se lever avec le soleil : on choisit un endroit, on rabat les roseaux, on s’asseoit en brave garçon, et l’on