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Le Cosaque se recula et faillit tomber.

— Voilà, on dit que les jeunes filles n’ont pas de forces et elle a failli me tuer tout à fait.

— Quoi, goudron ! C’est le diable qui t’a ramené du cordon, — prononça Oustenka, et, en se détournant, de nouveau, elle éclata de rire. — Tu as manqué l’Abrek ? S’il t’avait tué, ça vaudrait mieux.

— Tu pleurerais, hein ! — dit en riant Nazarka.

— Attends un peu, je te pleurerais !

— Voilà, pas même de chagrin ! Elle sangloterait, elle gémirait, hein, Nazarka ? — fit Ergouchov.

Loukachka, en silence, regardait tout le temps Marianka… Son regard semblait gêner la jeune fille.

— Eh bien, Marianka, on dit que le chef est logé chez vous ? — dit-il en s’approchant d’elle.

Marianka, selon son habitude, ne répondit pas tout de suite et lentement leva les yeux sur le Cosaque. Loukachka riait des yeux comme si, en ce moment, se passait entre lui et la jeune fille, quelque chose de particulier, indépendant de la conversation.

— Oui, pour eux ça va, quand on a deux cabanes, — répondit pour Marianka la vieille. — Mais voilà, chez les Fomouchkine, on dit qu’on a aussi placé un chef, alors, il paraît qu’il a encombré toute la chambre de ses bagages, et eux n’ont pas où se mettre avec leur famille. A-t-on jamais