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n’agissent pas justement… C’est qu’ils ont oublié Dieu… Ce n’est pas ça… non.

MITRITCH

Attends, tu vas voir. Suis bien maintenant mon raisonnement… Tu as donc fait comme je viens de te le dire, tu m’as dévalisé, mais Anicia, d’un autre côté, a de l’argent libre, elle ne sait qu’en faire… c’est une femme… elle ne sait comment le placer. Alors elle vient te trouver et elle te dit : — Ne pourrais-tu pas utiliser aussi mon argent ? — Si, que tu réponds, c’est possible. Et tu attends. L’été, je reviens. — Prête-moi encore dix roubles, que je te dis, et je t’en saurai gré. Alors tu examines mon cas. Si je ne suis pas encore tout à fait vidé et s’il est possible de me soutirer encore quelque chose, tu me donnes l’argent d’Anicia ; si, au contraire, je n’ai plus un radis, si je n’ai rien à me mettre sous la dent, tu me fermes la porte au nez, en me disant : — Que le bon Dieu t’accompagne ! Et tu en cherches un autre à qui tu donnes ton argent et celui d’Anicia, et celui-là tu l’écorches à son tour. Voilà ce que c’est que la banque. Et cela marche rondement, comme je te le dis. C’est très malin.

akim, s’échauffant.

Oui, comment ?… Ça… Mais ça… Ça, c’est une infamie ! Y a des paysans qui le font… mais ces paysans-là, vois-tu, savent bien qu’ils commettent un péché… C’est pas selon la loi… ça… oui. C’est