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n’est même pas ça encore… c’est parce que tu m’en as préféré une autre et je sais qui !…

nikita, s’avançant vers elle d’un air fâché.

Ce n’est pas la peine de tant parler avec vous autres, vous ne voulez jamais entendre raison. Va-t’en, je te dis, ou ça finira mal !

marina

Mal ? Est-ce que tu voudrais me battre, par hasard ? Eh bien, bats-moi ! Pourquoi détournes-tu ton museau ? Eh ! Nikita !

NIKITA

Certainement, ce n’est pas convenable… quelqu’un peut venir. Et puis, pourquoi parler inutilement ?

MARINA

C’est fini, alors ? Il ne reste plus rien ? Tu m’ordonnes d’oublier ? Eh bien ! Nikita, souviens-toi ! Je gardais mon honneur comme la prunelle de mes yeux. Tu m’as perdue pour rien, tu m’as trompée, tu n’as pas eu pitié d’une orpheline… (Elle pleure.) Tu m’as reniée, tu m’as tuée et cependant je ne te garde pas rancune. Que Dieu te juge ! Si tu trouves mieux, tu m’oublieras, si tu trouves pire, tu te souviendras de moi ! Tu t’en souviendras, Nikita ! Adieu, puisqu’il en est ainsi ! Ah ! Comme je t’aimais ! Adieu, pour la dernière fois ! (Elle veut l’embrasser et elle le prend par la tête.)