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LA GROSSE DAME, au docteur.

Vous auriez dû le voir ! Il était de votre côté. (Le docteur, sans l’écouter, continue à tâter le pouls. À Grossmann.) Et cette lumière, autour du visage… Et cette expression si douce, si tendre, quelque chose de céleste… (Elle sourit tendrement.)

GROSSMANN

J’ai vu des phosphorescences… les objets changer de place…, mais je n’ai vu rien de plus.

LA GROSSE DAME

Oh ! voyons ? Vous dites cela parce que vous êtes de l’école de Charcot et que vous ne croyez pas à la vie d’outre-tombe ! Quant à moi, personne, personne au monde ne m’enlèvera la foi en la vie future ! (Grossmann lui tourne le dos.) Non, non ! Dites tout ce que vous voudrez, mais je viens de passer un des deux instants les plus heureux de ma vie : celui où j’ai entendu jouer Sarasate et celui-ci ! Oui ! (Personne ne l’écoute, elle s’approche de Sémion.) Dis-moi, mon ami, qu’est-ce que tu ressentais ? Était-ce très pénible ?

sémion, riant.

Comme ça !

LA GROSSE DAME

Mais enfin c’est supportable ?

SÉMION

Comme ça ! (À Léonid Féodorovitch.) Faut-il que je m’en aille ?