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forces quand tu te sentiras faible, de l’appétit quand tu seras rassasié ; qui te rendra le sommeil quand tu ne pourras pas dormir ; qui te donnera de l’audace quand tu te sentiras abattu. Voilà la boisson que je vais te fabriquer.

LE PAYSAN

Tu me fais rire.

l’ouvrier

À ton aise. Tu ne me croyais pas non plus quand je te conseillais de semer une première fois dans les marécages, une seconde fois sur les hauteurs. Tu as vu cependant ? Tu verras aussi pour cette boisson.

LE PAYSAN

Mais avec quoi vas-tu la faire ?

l’ouvrier

Avec ce même blé.

LE PAYSAN

Et ce ne sera pas un péché ?

l’ouvrier

Quelle idée ! Quel péché veux-tu que ce soit ? Tout est donné à l’homme pour qu’il en jouisse.

LE PAYSAN

Dis-moi, Potap, d’où te vient ce grand savoir ? Je t’observe ; loin de faire des embarras tu es toujours à l’ouvrage ; depuis deux ans que tu es à mon service tu n’as pas encore pris le temps de