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teindre ces gens-là ? Père, décharge-moi du soin des paysans. Je m’y fais trop de mauvais sang et je m’attire ton courroux.

SATAN

Tu mens, fainéant ! Laisse donc les autres tranquilles. S’ils prennent des marchands, des seigneurs et des femmes, c’est qu’ils savent les enjôler, c’est qu’ils inventent sans cesse de nouvelles ruses. Tiens, celui qui est chargé des fonctionnaires vient d’imaginer un moyen tout nouveau. Invente quelque chose toi aussi, au lieu de t’enorgueillir pour un malheureux croûton que tu as volé — la belle affaire ! tends tes filets autour des paysans, ils finiront bien par tomber dans quelque piège. Tu passes tout ton temps à bavarder, et naturellement, ils en profitent, ils reprennent des forces. Déjà ils ne regrettent plus leur croûton ! S’ils se mettent à adopter ces mœurs et qu’ils y convertissent leurs femmes, nous les perdrons tout à fait. Allons, invente-moi quelque chose ! Démène-toi du mieux que tu pourras !

LE DÉMON DES PAYSANS

Je ne sais qu’inventer. Mets quelqu’un d’autre à ma place. Je ne peux plus rien…

satan, avec colère.

Tu ne peux pas ! C’est peut-être moi qui vais travailler à ta place ?

LE DÉMON DES PAYSANS

Je ne peux pas.