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SATAN

Quoi ?… Pas un ! Tu dis, pas un ?… Qu’as-tu donc fait tout ce temps-là ? Tu as flâné…

le démon des paysans, pleurnichant.

Non, je n’ai pas flâné… Je me suis même donné un mal de chien. Et tout cela en vain… Je ne puis rien obtenir… Tiens, à l’un d’eux, j’ai pris à sa barbe son dernier croûton. Tu crois qu’il a juré par tous les diables ? Pas du tout… Il a souhaité bonne santé à qui lui mangerait son dîner.

SATAN

Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?… Mouche-toi et parle clairement. On ne comprend rien à ton bafouillage.

LE DÉMON DES PAYSANS

Voilà. Un paysan était en train de labourer. Je savais qu’il avait pour dîner une croûte de pain et rien de plus. Je lui ai volé sa croûte. Après cela, il devait entrer dans une belle colère. Ah ! ouiche ! « On m’a pris mon pain ; grand bien fasse à celui qui le mangera ! » C’est tout ce qu’il a dit. Je t’apporte le croûton. Tiens, le voici.

SATAN

Eh bien, et les autres ?

LE DÉMON DES PAYSANS

Les autres ! Mais ils se ressemblent tous. Pas moyen d’en pincer un seul.