ne plus rien voir. Je me suis levé de table et je suis parti pour ne voir personne.
Qu’est-ce que tu as donc ?
Ce que j’ai !… Que je mange, que je boive, que je dorme, je ne saurais jamais l’oublier. Ah ! que je suis malheureux ! Comme je suis malheureux ! Et malheureux surtout, ma chère Marina, parce que je suis seul et que je n’ai personne pour partager ma peine.
On ne peut pas passer sa vie, Nikita, sans avoir de peines. J’ai bien pleuré, moi, et ça a fini par passer.
Tu parles de la vieille histoire… de ce qui est passé. Ah, mon amie, tu as noyé ton chagrin dans les larmes, tandis que, moi, la douleur m’étouffe !
Qu’est-ce que tu as donc ?
J’ai que la vie me dégoûte, que je me dégoûte moi-même ! Oh ! Marina, tu n’as pas pu me retenir, tu m’as perdu et tu t’es perdue en même temps ! Est-ce une vie, ça ?
Moi, je ne me plains pas de ma vie, Nikita. J’en