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Elle s’est faite si lourde qu’on aurait dit qu’elle pesait cinq pounds ; elle s’accrochait partout où elle pouvait… impossible de la faire lâcher ! Alors, je l’ai saisie, je lui ai passé la main sur la tête. Elle était hérissée comme un porc-épic. Et comme ça, peu à peu, elle a fini par se calmer. J’ai trempé un biscuit dans l’eau, je lui ai passé. Elle comprit et se mit à grignoter. Qu’est-ce qu’il y avait à faire ? Nous l’avons gardée, nous l’avons emportée… et nous l’avons nourrie bien comme il faut. Elle a fini par s’habituer, nous l’emmenions en campagne et elle marchait avec nous. C’était ça une gentille fillette !

ANIOUTKA

Elle n’était pas baptisée ?

MITRITCH

Qui sait ? On disait qu’elle ne l’avait pas été parfaitement. Ce peuple-là n’est pas comme le nôtre.

ANIOUTKA

Sont-ils allemands ?

MITRITCH

Qu’est-ce que tu dis là ? Pour Allemands, non, ils n’étaient pas Allemands. C’était des Asiatiques ! Ils sont comme les Juifs, et pas Juifs cependant. Ils étaient Polonais, mais Asiatiques, Kroudlis… Krouglis, je crois, ils s’appellent… À vrai dire, j’ai oublié, mais la petite fille nous l’avions nommée Sachka. Sachka… elle était vraiment très bonne.