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les uns et les autres, il n’y a pas de différence essentielle.

Si ceux qui, autour de moi, vivent maintenant dans de vastes appartements, dans leurs maisons à Sivtzev-Vrajek et à Dmitrovka, au lieu de vivre dans la maison de Rjanov, si ceux-là mangent et boivent bien au lieu de se nourrir de foie, de harengs et de pain, cela ne les empêche pas d’être les mêmes malheureux. Eux aussi sont mécontents de leur situation, regrettent le passé, désirent un sort meilleur, et ce mieux qu’ils envient est absolument le même que celui des habitants de la maison Rjanov, c’est la possibilité de travailler moins et de profiter davantage du travail des autres. La différence n’est que dans la classe et le temps. Si j’eusse réfléchi alors, je les aurais compris, mais je ne réfléchissais pas ; je m’intéressais seulement à ces hommes, je les inscrivais, m’imaginant qu’après avoir pris connaissance des détails de leur existence et de leurs besoins, je les secourrais. Je ne comprenais pas qu’on ne pouvait aider ces hommes qu’en modifiant leurs idées. Et pour changer les idées des autres, il faut avoir soi-même une meilleure conception du monde et y conformer sa vie. Or ma conception était juste la même que la leur ; et je conformais ma vie à cette conception qui devait être changée pour que ces hommes pussent cesser d’être malheureux.

Je ne voyais pas que ces hommes étaient mal-