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condition de l’autre, et pour un service efficace, il faut également, à l’homme et à la femme, connaître la vérité sans laquelle l’activité de l’homme ou de la femme devient inutile, même nuisible pour l’humanité. L’homme est appelé à remplir un travail varié, mais son travail, physique, intellectuel ou social, n’est utile et fertile que s’il se fait au nom de la vérité et du bien des autres hommes. Quelque zèle que mette l’homme à s’occuper de l’augmentation de ses plaisirs, des raisonnements oisifs et de l’activité sociale pour son utilité, son travail ne sera pas fertile. Il sera fertile seulement quand il visera à diminuer les souffrances des hommes produites par la misère, l’ignorance et le faux ordre social.

Il en est de même pour la vocation de la femme : la naissance, l’allaitement et l’éducation des enfants seront utiles à l’humanité, seulement quand elle élèvera ses enfants non pour sa joie, mais comme futurs serviteurs de l’humanité, quand l’éducation de ses enfants se fera au nom de la vérité et pour le bien des hommes, c’est-à-dire quand elle élèvera ses enfants de façon qu’ils soient les meilleurs hommes, les meilleurs ouvriers pour les autres.

Selon moi, la femme idéale sera celle qui, en s’appropriant la conception supérieure du monde et du temps où elle vit, s’adonne à sa vocation de femme, indubitablement imposée en elle, à pro-