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est appelé à servir Dieu et les hommes ; la femme est appelée à ce service par ses enfants.

C’est pourquoi l’amour pour ses propres enfants est introduit en la femme ; amour exclusif contre lequel il est tout à fait inutile de lutter avec la raison. Il est et doit toujours appartenir à la femme mère. Cet amour pour son enfant — quand il est petit — n’est pas du tout égoïste, c’est l’amour de l’ouvrier pour le travail qu’il fait pendant qu’il est entre ses mains. Ôtez cet amour pour l’objet de son travail, il devient impossible. Pendant que je fais des bottes, je les aime plus que tout. Si je ne les aimais pas, je ne pourrais pas travailler. Si on me les abîmait, je serais au désespoir ; mais je les aime ainsi juste pendant que je les travaille. Quand j’ai terminé, il reste l’attachement, la préférence faible et illégitime. Il en est de même pour la mère.

L’homme est appelé à servir autrui par divers travaux et il aime ces travaux pendant qu’il les fait. La femme est appelée à servir autrui par ses enfants et elle ne peut ne pas les aimer jusqu’à trois, sept ou dix ans.

Par leur vocation générale, servir Dieu et les hommes, l’homme et la femme sont tout à fait égaux malgré la différence de forme de leur service.

L’égalité est en ce que le service de l’un est aussi important que celui de l’autre. Un est la