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gnons de mendicité soient empêchés de mourir de faim (et c’est très possible ; il y a peu de telles gens), ce sera même beaucoup, beaucoup. Mais pourquoi ne pas penser et ne pas espérer qu’on fera encore et encore davantage. Pourquoi ne pas espérer que sera faite ou commencée cette œuvre vraie qui se fait déjà, non par l’argent mais par le travail, que seront sauvés les ivrognes usés, les voleurs impunis, les prostituées, parce que le relèvement est possible ? Que tout le mal ne soit pas réparé mais soit connu et la lutte contre lui, non par les mesures policières mais par les moyens intérieurs, par l’union fraternelle des hommes qui voient le mal avec ceux qui ne le voient pas encore parce qu’ils sont en ce mal.

Quoi qu’on fasse, ce sera toujours beaucoup. Mais pourquoi ne pas espérer que tout sera fait ? Pourquoi ne pas espérer que nous arriverons à faire qu’à Moscou il n’y ait pas une seule créature humaine nue, pas une affamée, pas une vendue, pas un seul malheureux écrasé par la destinée qui ignorera l’aide fraternelle qui est près de lui. Il n’est pas étonnant que ce ne soit pas, mais il est étonnant que cela existe à côté de notre superflu, de l’oisiveté, de la richesse et que nous puissions vivre en en connaissant l’existence. Oublions ce fait que dans les grandes villes et à Londres, il y a le prolétariat et ne disons pas que c’est nécessaire. Ce n’est pas nécessaire et ne doit pas l’être, parce que