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pas permettre à aucune autre considération de barrer de nous l’œuvre la plus importante de notre vie. Nous inscrirons, nous calculerons sans oublier que si nous rencontrons un homme nu et affamé, alors lui aider c’est le plus important de toutes les recherches possibles, de découvertes de toutes les sciences possibles. Que s’il existe la question : faut-il s’occuper d’une vieille femme qui n’a pas mangé pendant deux jours ou perdre tout le travail du recensement ? qu’alors périsse tout le recensement et que la vieille soit nourrie.

Le recensement sera plus long, plus difficile, mais dans les quartiers pauvres nous ne pouvons pas passer devant les gens en nous contentant de les inscrire sans nous soucier d’eux, et en n’essayant pas, dans la mesure de nos forces et de notre instinct moral, de leur aider. Cela d’abord.

Deuxièmement, voici ce qu’il faut faire : nous tous qui ne prenons pas part au recensement, ne nous fâchons pas qu’on nous dérange ; comprenons que ce recensement est très utile pour nous, que si ce n’est pas une cure, c’est au moins l’essai de l’étude de la maladie, pour lequel il nous faut être reconnaissant, et à cause de quoi il nous est nécessaire au moins de tâcher un peu de nous guérir ; que nous tous, qui sommes soumis au recensement, tâchions de profiter de cette occasion unique en dix ans de nous nettoyer, n’y soyons point hostiles, mais aidions au recense-