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pervers que la contemplation consciente et indifférente des malheurs des hommes pour le seul but de les inscrire. Que faut-il donc faire ? Il faut joindre au recensement l’œuvre de l’union affectueuse des riches oisifs, instruits, avec les mendiants opprimés et obscurs.

La science fait son affaire, faisons la nôtre.

Voici ce qu’il faut que nous fassions :

1o Nous tous qui nous occupons du recensement : guides et recenseurs, expliquons-nous bien ce que nous faisons. Expliquons-nous bien sur quoi et pourquoi nous faisons nos recherches. Nous les faisons sur des hommes et pour que les hommes soient heureux. De quelque façon qu’on envisage la vie, tous sont d’accord qu’il n’y a rien de plus important que la vie humaine, et il n’y a rien de plus important qu’écarter les obstacles au développement de cette vie, qu’aider à cette vie.

Dans l’évangile, cette pensée que notre rapport envers la misère et les souffrances humaines est la base de tout, est exprimée avec une grossièreté étonnante mais en revanche avec netteté et clarté.

« Celui qui a vêtu un homme nu, nourri un affamé, visité un prisonnier, celui-ci m’a vêtu, nourri, visité », c’est-à-dire a fait la chose la plus importante au monde.

De quelque façon que l’homme envisage la chose, il sait que c’est la plus importante de tout au monde. Et il ne faut pas oublier cela, il ne faut