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inspirées par qui ? Vous l’ignorez aussi. Alors ne dites pas que vous souffrez le mal pour le bien de vos enfants ; ce n’est pas vrai. Vous faites le mal parce que vous l’aimez.

La vraie mère, celle qui voit dans la naissance et l’éducation des enfants sa vraie vocation de la vie de sacrifice et de l’accomplissement de la volonté de Dieu, ne le dira pas.

Elle ne le dira pas, parce qu’elle sait que sa tâche n’est pas de faire de ses enfants ce que voudrait elle-même ou l’opinion dirigeante. Elle sait que les enfants, c’est-à-dire les générations qui suivent, c’est ce qu’il est donné aux hommes de voir de plus grand et de plus saint, et que sa vie est de servir, par tout son être, cette chose sacrée.

Elle sait elle-même, en se trouvant perpétuellement entre la vie et la mort et en soignant la vie qui luit à peine, que la vie et la mort ne sont pas son affaire. Son affaire, c’est de servir la vie. C’est pourquoi elle ne cherchera pas de voie lointaine pour ce service, elle veillera seulement à ne pas s’écarter de la voie proche.

Telle mère mettra au monde, allaitera elle-même ses enfants, préparera leurs aliments, coudra le linge, lavera, les instruira, dormira et causera avec eux, parce qu’elle voit en cela toute la tâche de sa vie. Elle sait que la garantie de toute vie est dans le travail et dans l’aptitude au travail ; c’est pourquoi elle ne cherchera pas pour ses