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La vraie mère ne dira jamais : Nous ne pouvons nous retenir de donner des bonbons, des jouets, d’amener au cirque.

Mais vous ne donnez pas de belladone ; vous ne laissez pas les enfants seuls en canot ; vous ne les menez pas au café chantant ? Pourquoi accorder l’un, pourquoi refuser l’autre ? Pourquoi ne dites-vous pas la vérité ?

Vous dites que vous aimez tant les enfants que vous craignez pour leur vie, que vous avez peur pour eux de la faim et du froid et que c’est pourquoi vous désirez la garantie que vous donne la situation de votre mari.

Vous avez si peur du hasard de l’avenir, des maux pour vos enfants, des maux encore plus lointains et plus douteux, que vous encouragez votre mari dans une activité que vous n’approuvez pas. Mais que faites-vous maintenant, pour, dans les conditions actuelles de votre vie, garantir vos enfants des terribles malheurs de la vie actuelle ?

Passez-vous beaucoup de temps avec vos enfants ? Au maximum un dixième de la journée !

Le reste du temps, ils sont entre les mains de personnes étrangères, — prises dans un établissement, souvent même louées dans la rue, — laissés au danger de la contagion physique et morale.

Vos enfants mangent, se nourrissent. Qui prépare les repas et avec quoi ? La plupart du temps vous ne le savez pas. Les idées morales leur sont