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Nous sommes si aveuglés par notre vie mensongère, nous tous, les hommes de notre monde, nous avons tant perdu le sens de la vie qu’entre nous il n’y a déjà plus de différence. En mettant tout le fardeau, tout le danger de la vie sur le dos des autres, nous ne savons pas nous appeler des vrais noms : lâches et poltrons, qui conviennent aux hommes qui font peiner les autres pour leur gagner leur propre vie.

Mais parmi les femmes il y a encore une diiîérence. Il y a des femmes, des êtres humains, qui représentent la manifestation supérieure de l’homme, et il y a des garces. Les générations suivantes feront cette différence et nous ne pouvons ne pas la faire.

Chaque femme, malgré toute la toilette qu’elle se met, malgré le nom qu’elle se donne, quelque raffinée qu’elle soit, si elle s’abstient de la production d’enfant, c’est une garce. Et la femme, si bas qu’elle tombe, si elle se donne consciemment à la conception, fait l’œuvre la meilleure, l’œuvre supérieure de la vie, elle accomplit la volonté de Dieu, et personne ne lui est supérieur.

Si vous êtes telles, vous ne direz pas, après deux enfants, même après vingt, que c’est assez avoir d’enfants ; de même qu’un ouvrier de cinquante ans ne dira pas que c’est assez travailler tant qu’il mange et dort et que ses muscles demandent de l’exercice.