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travail faux pour la vie et ce qui est le travail vrai pour l’accomplissement de la volonté de Dieu, dont vous sentez en votre cœur les indications.

Vous savez que si vous êtes la vraie mère c’est peu que personne ne voie votre travail, ne vous en loue, et trouve simplement qu’il le faut ainsi, mais même ceux pour qui vous avez travaillé non seulement ne vous remercient pas mais souvent vous tourmentent, vous font des reproches ; et avec les suivants vous faites la même chose : vous supportez de nouveau le travail invisible, terrible, de nouveau vous n’en attendez de récompense de personne, et vous ressentez toujours la même satisfaction. Si vous êtes telles, le pouvoir sur les hommes doit être entre vos mains, et entre vos mains le salut. Chaque jour votre nombre diminue : les unes s’occupent de leurs séductions contre les hommes, deviennent des filles publiques ; les autres sont occupées de faire concurrence aux hommes, dans leur besogne fausse de plaisanterie.

Les troisièmes, sans trahir encore leur vocation, moralement y renoncent déjà : elles commettent tous les actes des femmes-mères, mais par hasard, avec révolte et envie pour les femmes libres qui ne produisent pas d’enfants, et ainsi se privent de leur seule récompense : la conscience intérieure de l’acceptation de la volonté de Dieu, et, au lieu d’en être satisfaites, elles souffrent de ce qui fait leur bonheur.