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conscience, et en réalité, montrera aux hommes que ce mal terrible dont ils souffrent n’est pas la loi de la destinée, la volonté de Dieu, une nécessité historique, mais une superstition ni très forte, ni très terrible, mais faible et nulle, en laquelle il faut seulement cesser de croire, comme aux idoles, pour se débarrasser d’elle et la déchirer comme une faible toile d’araignée.

Les hommes qui travaillent pour exécuter la loi joyeuse de leur vie, c’est-à-dire qui travaillent pour la réalisation de la loi du travail, s’affranchissent de cette superstition de la propriété si riche en malheurs, et tous les établissements qui existent au monde pour soutenir cette propriété imaginaire, en dehors de leur corps, seront pour eux, non seulement inutiles mais gênants, et il deviendra clair pour tout le monde que tous ces établissements ne sont pas les conditions nécessaires de la vie, mais une condition nuisible, inventée et fausse.

Pour un homme qui considère le travail non comme une malédiction, mais comme une joie, la propriété, en dehors de son corps, c’est-à-dire le droit ou la possibilité de jouir du travail des autres, sera non seulement inutile mais gênante.

Si j’aime à préparer mon dîner et y suis habitué, alors ce fait qu’un autre fera cela pour moi, me privera de mon travail habituel et ne me satisfera pas tant que de me suffire à moi-même. En