Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/441

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à cette superstition ou souffrir et faire souffrir les autres.

Maintenant encore, en renonçant nominalement à la propriété des hommes, grâce à l’argent, à son prélèvement par les gouvernements, nous déclarons notre droit de propriété sur l’argent, c’est-à-dire sur le travail des autres. De même que le droit de propriété sur la femme, le fils, l’esclave, le cheval, c’est une fiction qui s’anéantit par la réalité et fait seulement souffrir celui qui y croit, parce que la femme, le fils, ne se soumettent jamais à ma volonté, comme mon corps, qui seul reste ma vraie propriété ; de même la propriété d’argent ne sera jamais la propriété mais seulement la tromperie de soi-même, la source des souffrances ; mon corps seul, ce qui m’obéit toujours, qui est lié à ma conscience, restera ma propriété.

Il n’y a que nous seuls, qui par habitude puissions appeler propriété autre chose que notre corps ; à nous seuls une superstition aussi insensée peut être utile et rester sans conséquences nuisibles, du moins pour nous.

Mais il faut réfléchir au sens de l’affaire pour voir que cette superstition, comme toute autre, porte avec soi de terribles conséquences.

Prenons l’exemple le plus simple :

Je considère comme étant ma propriété, moi et aussi un autre homme. Il me faut savoir préparer