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cutable, que tu seras plus gai, plus fort, plus courageux, meilleur ; que tu connaîtras la vraie vie de laquelle tu t’éloignais ou qui t’était cachée.

2o Si tu as une conscience, alors, non seulement elle ne souffrira pas comme elle souffre maintenant en voyant le travail des hommes (dont toujours, par ignorance, nous augmentons ou diminuons l’importance), mais tu éprouveras toujours la conscience joyeuse que chaque jour tu satisfais de plus en plus aux besoins de ta conscience et que tu sors de cette situation terrible, d’un tel amoncellement de mal, dans notre vie, qu’il n’est pas possible de faire le bien aux hommes. Tu sentiras la joie de vivre librement avec la possibilité de faire le bien, tu perceras la fenêtre sur le domaine du monde moral, qui était fermée en toi. Il arrivera qu’au lieu de la crainte éternelle, des représailles, tu sentiras que tu sauves les autres de cette vengeance et principalement que tu sauves des opprimés du sentiment cruel de la colère et de la vengeance.

« Mais c’est ridicule, dit-on ordinairement, que nous, les hommes de notre monde, avec les questions profondes qui se dressent devant nous : questions philosophiques, scientifiques, politiques, artistiques, ecclésiastiques, sociales, que nous, les ministres, les sénateurs, les académiciens, les professeurs, les artistes, les chanteurs, que nous, dont un quart d’heure de temps est apprécié si cher par