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drer, la science en donne divers moyens et le peuple est du reste trop nombreux.

Un paysan déguenillé parcourt le district Krapivna. Pendant la guerre, il était courtier d’un intendant.

En se frottant aux fonctionnaires, le paysan, dit-on, devint fou sur ce point que lui pouvait, comme un monsieur, ne pas travailler et recevoir des appointements de l’empereur. Ce paysan s’intitule maintenant le sérénissime prince militaire Blockhine, fournisseur des manutentions militaires pour toutes les classes. Il raconte qu’il a passé l’examen pour tous les grades, et qu’après avoir servi dans l’armée, il doit recevoir de l’empereur un compte ouvert, des habits, des uniformes, des chevaux, des voitures, du thé, des pois, des serviteurs, et tout l’entretien.

Quand on lui demande s’il ne veut pas travailler, il répond toujours fièrement : « Je vous remercie beaucoup, mais tout se fera par les paysans. »

Quand on lui dit que les paysans ne veulent pas eux non plus travailler, il répond : « Pour les paysans, c’est pas difficile vu leurs capacités. Maintenant on invente des machines pour faciliter le travail des paysans ; pour eux, il n’y a pas de difficultés. »

Quand on lui demande pourquoi il vit ? Il répond : « Pour passer le temps. »

Je regarde toujours cet homme comme mon mi-