Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans cette voie l’éloigne du but. Si l’homme qui marche depuis longtemps sur cette voie mensongère devine lui-même, ou apprend d’un autre, que cette voie est mensongère, s’effraye à l’idée de s’être écarté et tâche de se convaincre, que peut-être, il parviendra quand même sur la bonne voie, alors il n’en sortira jamais. Si l’homme devient timide devant la vérité et, l’apercevant, ne la reconnaît pas et prend le mensonge pour la vérité, alors il ne saura jamais ce qu’il lui faut faire.

Nous, des gens non seulement riches, mais des gens privilégiés, réputés instruits, nous sommes allés si loin dans la voie du mensonge qu’il nous faut ou une grande force ou des souffrances très grandes sur cette voie mensongère pour nous ressaisir et reconnaître le mensonge dans lequel nous vivons.

J’ai aperçu le mensonge de notre vie, grâce aux souffrances où m’a conduit la voie mensongère, et en reconnaissant le mensonge de cette voie où je me trouvais, j’eus la hardiesse d’aller où me menaient la raison et la conscience, sans penser où elles me conduiraient. Je fus récompensé de cette hardiesse. Tous les phénomènes compliqués, dispersés, embrouillés, insensés de la vie qui m’entourait devinrent clairs, et ma situation auparavant étrange et pénible parmi ces phénomènes, tout à coup devint naturelle et facile.

Dans cette nouvelle situation, mon activité se