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avons accaparé cette place par l’escroquerie, nous la gardons par la tromperie.

Les prêtres, le clergé, les nôtres ou les catholiques, quelque débauchés qu’ils étaient, avaient le droit à leur situation et disaient qu’ils enseignaient aux hommes la vie et le salut. Nous avons miné le clergé en prouvant aux hommes qu’il les trompait et nous nous sommes installés à sa place. Et nous n’apprenons pas aux hommes à vivre, même nous avouons qu’il ne faut pas le leur apprendre ; mais nous suçons les sucs du peuple et pour cela nous enseignons aux enfants le même talmud, la grammaire grecque et latine, pour qu’ils puissent continuer la même vie de parasites que nous menons.

Nous disons : il y avait des castes, et maintenant chez nous, il n’y en a pas. Que signifie donc que certaines gens et leurs enfants travaillent et que d’autres et leurs enfants ne travaillent pas ? Amenez un Indou qui ne connaît pas notre langue et montrez-lui quelques générations de notre vie européenne, il reconnaîtra les deux castes principales, ouvrière et non-ouvrière, qui existent chez lui. Chez lui, comme chez nous, le chrême particulier que nous appelons la science et l’art, en général l’instruction, donne le droit de ne pas travailler.

Et voici, cette instruction et toute la défiguration de la raison qui la suit, nous a amenés à cette