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soi-même et le service des autres ; exprimer avec force cette doctrine, on ne le peut pas sans souffrances.

L’Église exista tant que les maîtres souffrirent et supportèrent les souffrances. Dès qu’ils furent devenus gras, leur activité doctrinale cessa. Il y avait des prêtres d’or et des coupes de bois, il y a maintenant des coupes d’or et des prêtres de bois, dit le peuple.

Ce n’est pas en vain que Christ est mort sur la croix, ce n’est pas en vain que le sacrifice des souffrances triomphe de tout.

Et notre science et notre art sont garantis par les diplômes, et tous ont le souci de les garantir encore mieux, c’est-à-dire de leur rendre impossible tout service aux hommes.

La vraie science et le vrai art ont deux signes indiscutables ; le premier est tout intérieur : le serviteur de la science ou de l’art remplit sa vocation non pour des avantages mais en se sacrifiant ; et le deuxième, extérieur : ses œuvres sont compréhensibles pour tous les hommes dont elles ont en vue le bien.

Quels que soient la destination et le bien des hommes, la science sera toujours la doctrine de cette destination et de ce bien, et l’art sera l’expression de cette doctrine.

Les lois de Solon, de Confucius, c’est la science ; la doctrine de Moïse, du Christ, c’est la science ; les