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car, Dieu nous en préserve, si elle se développait, si sur le dos du peuple, au lieu de deux docteurs, sages-femmes et infirmiers dans chaque district on en mettait vingt, comme ils le veulent, bientôt il n’y aurait plus personne à soigner. L’aide scientifique au peuple, dont parlent les défenseurs de la science, doit être tout autre. Et cette aide qui doit exister n’est pas encore commencée. Elle commencera quand le savant, ingénieur ou médecin, ne trouvera pas légale cette division qui existe, c’est-à-dire la spoliation du travail des uns, quand il ne s’attribuera pas le droit de prendre à des hommes, je ne dis pas des centaines de mille roubles, mais même les modestes mille ou cinq cents roubles pour ses besoins, quand il vivra parmi les ouvriers, dans les mêmes conditions que ceux-ci, et appliquera son savoir aux questions de mécanique, de technique, d’hygiène et de guérison du peuple. Maintenant, la science, qui se nourrit au compte du peuple ouvrier, a oublié tout à fait les conditions de la vie de ce peuple ; elle ignore ces conditions et s’oppose énergiquement à ce que son savoir imaginaire trouve une application dans le peuple.

Le domaine de la médecine, comme celui de la technique, est encore intact. Toutes les questions : comment répartir le mieux le temps du travail, comment se nourrir le mieux, avec quoi et de quelle façon vaut-il mieux s’habiller, se chausser.