Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peuvent aller à la campagne si personne n’est à même de leur donner cette rétribution. Par leurs occupations mêmes ils ne sont pas capables de servir le peuple. Les ingénieurs savent calculer par les procédés des mathématiques supérieures l’arc d’un pont, la force de transmission d’un moteur, etc. Mais devant les questions les plus simples du travail du peuple ils restent ahuris. Comment améliorer la faux, la carriole, comment faire guéable le ruisseau, dans les conditions de la vie ouvrière actuelle, ils n’en savent rien, et comprennent moins que le dernier paysan. Donnez-leur des usines, des ouvriers tant qu’il faut, faites venir des machines de l’étranger, alors ils pourront donner des ordres. Mais dans les conditions données du travail de millions de gens, trouver le moyen de faciliter ce travail, ils en sont incapables ; par leurs occupations habituelles et les exigences de leur vie, ils ne peuvent s’en occuper.

Le médecin se trouve dans une position encore plus difficile, sa science imaginaire est appropriée de telle façon, qu’il peut seulement guérir les gens qui ne font rien et peuvent jouir du travail des autres. Il faut au médecin une foule d’outils très chers, d’instruments, de remèdes : l’hygiène, l’appartement, la nourriture, les water-closet, pour qu’il puisse agir contre la maladie. Outre son salaire, il a besoin de dépenses telles pour guérir un seul malade, qu’une centaine de ceux qui sup-