Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme les chemins de fer, les faux, cela prouve seulement que dans le monde tout se lie et que, de chaque acte nuisible, il peut résulter par hasard quelque utilité pour ceux à qui il nuit.

Les savants et les artistes pourraient dire que leur activité est utile au peuple si seulement ils se proposaient de servir le peuple, comme ils se proposent maintenant de servir le gouvernement et les capitalistes.

Nous pourrions le dire alors si les savants et les artistes prenaient pour but les besoins du peuple. Mais il n’y en a pas de tels.

Tous les savants sont absorbés par leurs occupations pontificales d’où résultent les études sur le protoplasme, l’analyse spectrale des étoiles, etc. Mais avec quelle hache vaut-il mieux couper, quelle scie est la plus commode, quel est le meilleur moyen de préparer le pain, avec quelle farine ; comment faut-il chauffer, construire les poêles ; quelle nourriture, quels breuvages, quelle vaisselle sont préférables ; quels champignons peut-on manger, comment les préparer plus avantageusement ? La science n’y a jamais pensé. Et cependant tout cela est l’affaire de la science.

Je sais que par définition la science doit être inutile, mais c’est un prétexte évident et trop effronté. Le rôle de la science est de servir l’humanité. Nous avons inventé le télégraphe, le téléphone, les phonographes, mais dans la vie, dans