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spirituels et matériels, et, pour cela, les hommes qui servaient l’État, se sont dispensés de participer à la lutte universelle pour la vie. Dès que les serviteurs de l’État ont reçu la possibilité de jouir du travail des autres, ils ont fait comme les serviteurs de l’Église. Ce n’est pas le peuple qui est devenu leur but, mais l’État ; et les serviteurs de l’État — depuis le roi jusqu’au dernier fonctionnaire — à Rome, en France, en Angleterre, en Russie et en Amérique, se sont adonnés à l’oisiveté et à la débauche.

Les hommes ont perdu la confiance en l’État, et l’anarchie, déjà consciemment, devient leur idéal. L’État a perdu son prestige seulement parce que ses serviteurs se sont reconnu le droit de jouir du travail du peuple.

La science et l’art ont fait de même avec l’aide du pouvoir gouvernemental qu’ils se sont engagés à soutenir. Ils se sont attribué le droit à l’oisiveté et à la jouissance du travail d’autrui, et, de même, ils ont trahi leur mandat.

Et leurs erreurs proviennent de même de ce que les serviteurs de la science, exposant un principe faussement compris de la division du travail, se sont reconnu le droit de jouir du travail des autres et ont perdu le sens de leur destination, ils ont pris pour but non l’utilité du peuple, mais l’utilité mystérieuse de la science, des arts, et, de même que leurs prédécesseurs, ils