Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des autres, (croire en la cellule, au protoplasme, au quatrième état des corps, etc.) ; plus ils croient, plus la forme masque le contenu, plus ils perdent la conscience du bien et du mal et la capacité de comprendre les expressions et les définitions du bien et du mal élaborées par toute la vie antérieure de l’humanité ; plus ils adoptent l’argot spécial, scientifique, des expressions nouvelles qui n’ont pas de sens humain, plus ils s’égarent dans les bosquets des observations que rien n’éclaire, plus ils perdent la capacité de penser d’une façon originale et même de comprendre une pensée d’autrui, fraîche, claire, qui se trouve en dehors de leur talmud ; et surtout ils passent les meilleures années dans la désaccoutumance de la vie, c’est-à-dire du travail, ils sont habitués à croire leur situation justifiée et deviennent, physiquement, des parasites bons à rien. Comme les théologiens, les talmudistes, ils se déforment le cerveau et deviennent des eunuques de la pensée. En même temps qu’ils s’abêtissent, ils acquièrent la suffisance qui les prive déjà pour toujours du retour aux réflexions simples, claires, humaines.