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mais elle n’est équitable que quand l’homme décide par sa conscience et par sa raison qu’elle doit être, et non quand il l’observe. La conscience et la raison de tous les hommes décident cette question d’une façon simple, indiscutable, et unanimement. Ils décident ainsi que la division du travail n’est régulière que quand l’activité particulière d’un homme est nécessaire aux autres hommes, qu’ils la lui demandent et proposent eux-mêmes de le nourrir en échange de ce qu’il fera pour eux. Mais quand un homme peut, depuis l’enfance jusqu’à trente ans, vivre sur le dos des autres, en promettant de faire, quand il aura appris, quelque chose de très utile, que personne ne lui demande, et quand, depuis trente ans jusqu’à la mort, il peut vivre de la même façon, toujours avec la promesse de faire quelque chose que personne ne lui demande, ce n’est pas la division du travail (elle n’existe pas, en effet, dans notre société,) c’est l’accaparement, par un fort, du travail d’un autre ; ce même accaparement que les théologiens appelaient autrefois destination divine, que les philosophes appelèrent ensuite formes nécessaires de la vie, et que maintenant la théorie scientifique appelle : division organique du travail.

Toute la science régnante n’est qu’en cela.

Elle seule est devenue maintenant la dispensatrice des diplômes de l’oisiveté, parce qu’elle seule, dans ses temples, discute et définit quelle activité