Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoi se manifeste-t-il ? pourquoi m’est-il nécessaire ?

— Oui, disent les savants d’aujourd’hui, tout cela a pu exister, c’était des billevesées des périodes théologiques et métaphysiques ; maintenant, il y a la science critique, positive qui déjà ne trompe pas parce que, toute, elle est basée sur l’induction et l’expérience. Maintenant nos savoirs ne sont pas hésitants comme autrefois et dans notre voie seule est la réponse à toutes les questions de l’humanité.

Mais les théologiens disaient juste la même chose, — et pourtant ce n’étaient pas des sots, nous savons qu’il y avait parmi eux des gens d’un esprit vaste ; — et avec moins d’assurance, mais autant d’approbation de la part de la foule des gens instruits, disaient les partisans d’Hégel. De même nos Herzen, Stankevitch, Belinsky n’étaient pas des sots. D’où vient ce phénomène étonnant que des gens intelligents propagèrent avec la plus grande assurance et que la foule acceptait avec adoration des doctrines sans fond et sans contenu ? La cause est la même : c’est que les doctrines propagées justifiaient les gens dans leur mauvaise vie.

N’est-ce pas de même que s’expliquent l’assurance des gens de la science positive, critique, expérimentale, et l’adoration de la foule pour tout ce qu’ils propagent ?