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compte. L’ouvrier a son opinion sur cette activité si fortement établie ; il la trouve si nuisible qu’il n’envoie pas ses enfants à l’école, et que pour forcer le peuple à accepter cette activité, partout on dut promulguer des lois sur l’instruction obligatoire. L’ouvrier regarde toujours cette activité d’un œil hostile, il ne change d’opinion qu’en cessant d’être lui-même un ouvrier : quand, par le gain, et puis, au moyen de la soi-disant instruction, il passe du milieu ouvrier dans la classe des gens qui vivent sur le dos des autres.

Néanmoins, bien que l’activité des hommes de la science et de l’art ne soit pas reconnue et ne puisse l’être par aucun des ouvriers, ceux-ci sont forcés de faire des sacrifices à son profit. L’homme d’État envoie tout simplement un homme à l’échafaud ou en prison.

Un industriel, en profitant du travail des autres, leur prend tout et leur laisse le choix entre mourir de faim et faire un travail pernicieux.

Et l’homme de la science et de l’art paraît ne forcer à rien. Il ne fait que proposer sa marchandise à ceux qui la veulent prendre. Mais pour fabriquer sa marchandise que le peuple ouvrier ne désire pas, il prend au peuple, par force, par l’intermédiaire des hommes d’État, la plus grande partie de son travail pour construire et entretenir les académies, les universités, les lycées, les écoles, les musées, les bibliothèques, les conservatoires